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Théâtre populaire romand
La Chaux-de-Fonds
Centre neuchâtelois des arts vivants

Pollen

Des différentes dimensions du théâtre populaire retenons ceci : le théâtre populaire met en scène le peuple (plutôt que les dominants) ; le théâtre populaire croit en son pouvoir émancipateur (plutôt que de renforcer les stéréotypes et les injonctions). Cette saison porte le même crédo que les précédentes : les arts vivants, quand ils interrogent l’ordre établi, transforment le monde.

Telle une fulgurante traînée de poudre, la quête de liberté se propage à travers les spectacles: dans Carmen., avec la gitane de Bizet réinventée par Rosemary Standley et François Gremaud comme dans les équipées fugitives de la Sibérienne Tatiana Frolova (Nous ne sommes plus…) et de l’Iranien Amir Reza Koohestani (Blind Runner). Ici, les chaînes se brisent et la possibilité de l’exil serre le coeur… Dans Black Lights de la chorégraphe Mathilde Monnier inspirée par la série «H24», le pouvoir de l’émancipation prend le pas sur la soumission comme dans Still Life (Monroe-­Lamarr)  de l’auteur catalan Carles Battle qui donne à Marilyn Monroe et à Hedy Lamarr la chance de dire leur vérité de femmes réifiées. 

Il y aura de la fougue mais aussi du mystère avec l’enquête troublante de Camille Mermet (Denise) et les étranges séances médiumniques de Thom Luz (When I die) pour la première fois à L’Heure bleue. Il y aura de la passion avec Marguerite Duras sublimée par Dominique Blanc (La Douleur) comme chez Ibsen qui dégomme à sa façon le pouvoir de l’argent dans une mise en scène rock de Christophe Sermet (Les Borkman).

Pour transformer le monde, notre rapport au vivant — ou au non-humain comme disent certain·es anthropologues — sera scruté avec humour et acuité dans la nouvelle création de Juliette Vernerey (A L’affût) comme dans L’appel sauvage de Jack London par le Théâtre des Marionnettes de Genève, adressé au jeune public.

Faisons confiance aux clowns métaphysiques Oscar Gómez Mata et Juan Loriente pour poursuivre ce travail en détricotant notre perception du réel (Inactuels). Faisons confiance au Don Quichotte des Fondateurs pour rire de nos rêves de grandeur (Quichotte, chevalerie moderne). Et suivons les artistes de La Belle constellation dans leurs autoportraits scéniques prophétiques (Grande Ourse).

Cette saison nous serons ces transports, ces élans, tous ces battements d’ailes qui produiront leurs effets loin à la ronde, au-delà de nos perceptions. En musique avec quatre concerts de haut vol, en mouvement avec plusieurs spectacles de danse et avec un temps fort (Bang! Bang!) pour rassembler nos aspirations de changement en profondeur. Ainsi, scintillant·es de pollen, nous nous transformerons…

Anne Bisang
Directrice

 

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